Cette série appartient à une sorte d’enquête que je mène depuis la mort de ma mère sur son passé familial - et donc sur elle - et donc sur moi ?
Elle était née en Roumanie et pendant longtemps j’ai cru que je ne pourrai jamais connaître son pays natal, qu’elle quitta à 14 ans, en 1944.
Je prends appui sur des photographies et des manuscrits que j’ai retrouvés chez elle et qui proviennent de sa propre mère dont la vie fut un vrai roman.
En noir-et-blanc, ces images évoquent un monde élégant, tantôt insouciant, tantôt chargé d’une gravité prémonitoire.
Ma mère voulait que je les regarde comme si elles provenaient de l’Atlantide. Les textes inachevés de ma grand-mère qui a connu successivement les splendeurs des grandes familles de la Mittle Europa puis les rigueurs des prisons politiques roumaines renforçaient à mes yeux le caractère extraordinaire de ma mère.
En un sens, ces peintures sont les fragments d’un dialogue avec des morts, dont parfois je ne sais rien de plus que la forme de leur moustache ou la manière de se tenir.